Tu as eu un entretien !
Tiens tiens !
Et entre les deux tiens, c'était ton entretien.
Non, c'est pas que ça ce soit mal passé.
Pourtant quand tu es sorti de là, tu as eu une sensation de peu mieux faire, une méchante envie de fumer. Tu as commencé à marcher pour te détendre, après 2h où tu t'es senti à peu près aussi à l'aise qu'entre les dents d'un requin.
Au bout de 2 minutes, tu as eu une révélation : tu es parti dans le mauvais sens. Tu n'as pas envie qu'on te voit repasser devant les bureaux, tu vas passer pour un gars qui ne sait pas où il va.
En te faisant cette remarque, tu te vois en train de repasser ta chemise devant leur bureau. Torse nu, cravate. Il fait aussi chaud que dans une pub Coca Cola, et pour une fois tu as les mêmes muscles, et les femmes dans le bureau les mêmes hormones. L'hôtesse et la DRH sortent sur leurs talons hauts, plus chaudes encore que ton fer. La première s'appuie sur ta table à repasser et cambre ses reins. Homme moderne, tu lui repasses sa jupe à même sa peau avec un bon coup de vapeur. De la fumée sort de son cul...
Ca te rappelle ton envie de fumer. Tu sors de ta rêverie électroménagère.
Tu te rends compte que tu viens de repasser devant le bureau avec un sourire béat. Tu passeras peut être pour un gars qui ne sait pas où il va et qui a le sens de l'humour.
Ou tout simplement pour un paumé.
Pendant les 10 heures qui suivent, tu te refais l'entretien en boucle, et petit à petit tu trouves les réponses adéquates aux questions qu'on t'a posé. Tu essaies de jauger ta performance, et tu oscilles entre le médiocre et l'excellent.
Tu aurais aimé que ça se fasse comme à la nouvelle star. Tu passes ton petit entretien en deux minutes, et le jury te dit cash si c'est bon ou pas. Comme ça, pas besoin de se prendre la tête à savoir si tu as assez bien mis en avant tes qualités pour que tes défauts paraissent tout petits, loin derrière.
Ta prise de tête dure et t'empêche un peu de dormir. Un peu ça veut dire que jusqu'à 5h du matin. Après tu dors comme un bébé jusqu'à 6h. Ah la boite te plait. Ils ont l'air sympa, pas cons, ils bossent sur de bons projets. A peu près comme toutes les boîtes avant qu'on bosse dedans. Pendant tes heures d'insomnie, tu as tout le temps de tisser ton fantasme : tes projets brillants, ta chouette relation avec les autres collaborateurs, ton appart pas cher trouvé au cours de Paris, ton premier verre avec cette ravissante hotesse...
Ca y est, tu te sens sorti d'affaire. C'est le début de ta vie d'adulte indépendant. Fini la recherche d'emploi, les CV semés au quatre vent, la consultation d'e-mails 15 fois par jour, les relances téléphoniques...
Tu te sens soulagé sur le canap que des potes t'ont gentiment proposé. Il te fait un peu mal au dos. Tu penses que c'est parce que les ailes qui vont te porter vers de nouveaux horizons sont en train de pousser.
Petit à petit tu décolles, t'arrachant de cette période obscuro-brumeuse de recherche de boulot.
A une bonne quinzaine de mètres de hauteur, tes ailes se rétractent. A l'arrêt un instant, tu regardes la caméra comme dans un tex avery. La gamelle est inévitable.
Tu tombes comme un pavé sur le sol dont tu t'étais arraché. Ca pique.
La boite ne recrute pas en ce moment. C'est bientôt la fin de l'hiver, mais les embauches sont gelées.
Tu es frustré, vexé, déçu. Tu te sens indésirable.
Tu retrouves les sensations de ton premier rateau.
A ce moment là, tu pensais que c'était l'amour de ta vie.
Et maintenant tu pensais que c'était le boulot de ta vie.
Encore une fois tu as été zelé de devenir ailé. Tes fantasmes ne t'ont jamais apporté grand chose, sinon une petite occupation pendant tes heures d'insomnie.
T'inquiètes pas. T'en trouveras un qui aura peut être moins de gueule, qui te donnera moins envie de flamber devant les potes, mais qui te prendra tel que tu es, avec tes 3 qualités et tes 3 défauts.
Et entre les deux tiens, c'était ton entretien.
Non, c'est pas que ça ce soit mal passé.
Pourtant quand tu es sorti de là, tu as eu une sensation de peu mieux faire, une méchante envie de fumer. Tu as commencé à marcher pour te détendre, après 2h où tu t'es senti à peu près aussi à l'aise qu'entre les dents d'un requin.
Au bout de 2 minutes, tu as eu une révélation : tu es parti dans le mauvais sens. Tu n'as pas envie qu'on te voit repasser devant les bureaux, tu vas passer pour un gars qui ne sait pas où il va.
En te faisant cette remarque, tu te vois en train de repasser ta chemise devant leur bureau. Torse nu, cravate. Il fait aussi chaud que dans une pub Coca Cola, et pour une fois tu as les mêmes muscles, et les femmes dans le bureau les mêmes hormones. L'hôtesse et la DRH sortent sur leurs talons hauts, plus chaudes encore que ton fer. La première s'appuie sur ta table à repasser et cambre ses reins. Homme moderne, tu lui repasses sa jupe à même sa peau avec un bon coup de vapeur. De la fumée sort de son cul...
Ca te rappelle ton envie de fumer. Tu sors de ta rêverie électroménagère.
Tu te rends compte que tu viens de repasser devant le bureau avec un sourire béat. Tu passeras peut être pour un gars qui ne sait pas où il va et qui a le sens de l'humour.
Ou tout simplement pour un paumé.
Pendant les 10 heures qui suivent, tu te refais l'entretien en boucle, et petit à petit tu trouves les réponses adéquates aux questions qu'on t'a posé. Tu essaies de jauger ta performance, et tu oscilles entre le médiocre et l'excellent.
Tu aurais aimé que ça se fasse comme à la nouvelle star. Tu passes ton petit entretien en deux minutes, et le jury te dit cash si c'est bon ou pas. Comme ça, pas besoin de se prendre la tête à savoir si tu as assez bien mis en avant tes qualités pour que tes défauts paraissent tout petits, loin derrière.
Ta prise de tête dure et t'empêche un peu de dormir. Un peu ça veut dire que jusqu'à 5h du matin. Après tu dors comme un bébé jusqu'à 6h. Ah la boite te plait. Ils ont l'air sympa, pas cons, ils bossent sur de bons projets. A peu près comme toutes les boîtes avant qu'on bosse dedans. Pendant tes heures d'insomnie, tu as tout le temps de tisser ton fantasme : tes projets brillants, ta chouette relation avec les autres collaborateurs, ton appart pas cher trouvé au cours de Paris, ton premier verre avec cette ravissante hotesse...
Ca y est, tu te sens sorti d'affaire. C'est le début de ta vie d'adulte indépendant. Fini la recherche d'emploi, les CV semés au quatre vent, la consultation d'e-mails 15 fois par jour, les relances téléphoniques...
Tu te sens soulagé sur le canap que des potes t'ont gentiment proposé. Il te fait un peu mal au dos. Tu penses que c'est parce que les ailes qui vont te porter vers de nouveaux horizons sont en train de pousser.
Petit à petit tu décolles, t'arrachant de cette période obscuro-brumeuse de recherche de boulot.
A une bonne quinzaine de mètres de hauteur, tes ailes se rétractent. A l'arrêt un instant, tu regardes la caméra comme dans un tex avery. La gamelle est inévitable.
Tu tombes comme un pavé sur le sol dont tu t'étais arraché. Ca pique.
La boite ne recrute pas en ce moment. C'est bientôt la fin de l'hiver, mais les embauches sont gelées.
Tu es frustré, vexé, déçu. Tu te sens indésirable.
Tu retrouves les sensations de ton premier rateau.
A ce moment là, tu pensais que c'était l'amour de ta vie.
Et maintenant tu pensais que c'était le boulot de ta vie.
Encore une fois tu as été zelé de devenir ailé. Tes fantasmes ne t'ont jamais apporté grand chose, sinon une petite occupation pendant tes heures d'insomnie.
T'inquiètes pas. T'en trouveras un qui aura peut être moins de gueule, qui te donnera moins envie de flamber devant les potes, mais qui te prendra tel que tu es, avec tes 3 qualités et tes 3 défauts.