Envoie !
J'ai passé il y a quinze jours un entretien de non embauche.
Quinze jours plus ou moins. Surtout si vous lisez cet article longtemps après sa publication. Disons donc qu'un jour j'ai passé un entretien de non embauche.
Un entretien de non embauche, c'est ce que le jargon politiquement correct a nommé un entretien réseau. Pour résumer, on rencontre un entrepreneur qui ne recrute pas dans le but qu'elle trouvera notre profil intéressant, et qu'elle nous mettra en relation avec une personne de son réseau qui recrute. Ou avec une personne qui ne recrute pas, mais qui trouvera peut être notre profil intéressant.
Après avoir discuté une bonne heure, le non recruteur m'a demandé s'il pouvait me faire quelques remarques concernant ma prestation. J'étais aussi là pour ça, et je l'ai encouragé à se lancer.
Je vais passer sur les réflexions pertinentes. Celles qui rentrent profondément dans le cerveau, et qui vont secouer des zones qui aiment bien le calme et l'équilibre. Celles qui propulsent le doute sous pression dans toutes les failles de l'être. Celles qui incitent à aller gravir la plus haute montagne des environs et une fois au sommet, un peu plus près de Dieu, à se poser des douzaines de questions philosophiques sur sa vie. Questions dont les réponses le sont surement autant.
Malheureusement, ce genre de remarque ne représente aucun intérêt comique.
En revanche, le non recruteur me dit donc :
- Tu vois, je pense que ce serait pas mal que tu "envoies" un peu plus en présentation. Par exemple, tu te ramènes avec ton ordi portable, et là, tac, tu le sors, et tac, tu prends des notes.
Il appuie ses propos d'un hochement de tête régulier de mec qui "envoie", ou de chien en plastique de banquette arrière. Au choix. Il plisse les yeux comme un mec qui envoie. Chaque tac correspond à un hochement plus appuyé.
- Bon, c'est vrai que tu as noté tout ce qu'on a dit pendant l'entretien sur ta feuille.
Oui c'est vrai : j'ai noté tout ce qui a été dit pendant l'entretien sur ma feuille.
Mais je suis dans le fond d'accord avec lui. C'est tellement old school. Ca envoie tellement peu. Je suis un looser pathétique avec mon, j'ai honte, stylo. Je me sentirais à peine mieux si j'avais gravé notre conversation sur des tablettes de pierre, comme l'autre.
C'est sur, dans la vie il y a deux catégories de personnes. Ceux qui envoient, et ceux qui s'en voient. Je fais malheureusement partie de la seconde. Je n'ai pas d'ordinateur portable, et ne pourrait donc pas, tac, le sortir pendant un entretien et, tac, prendre des notes dessus.
Cette situation est intolérable. Je m'imagine passer des entretiens pour l'éternité, en essuyant à chaque fois l'échec cuisant du gars qui n'envoie pas.
Alors pour me sortir enfin de cette histoire sans fin, j'ai pris une mesure radicale : j'ai décidé d'emmener mon pc au prochain entretien. Certes, ça prend un peu de place, et ça peut être pénible à trimballer dans le métro.
Mais putain, je me vois débarquer comme ça dans la salle, et tac, je sors ma multiprise et je la branche. Et puis tac, je sors l'écran, et tac la souris, tac le clavier, tac une baffle, tac l'autre, tac la webcam, tac l'unité centrale, tac la bombonne d'air sec, tac le tapis de souris, et taaaac, le microphone !
Et vas y que je te branche tout ça !!! TAAAAAAAAAC !!!!!
Et là, pendant que j'envoie du lourd, que j'y vais à fond, je démontre aussi mes compétences en branchage de fil et ma volonté de m'installer durablement.
C'est parti ! A mon tour d'envoyer !
Quinze jours plus ou moins. Surtout si vous lisez cet article longtemps après sa publication. Disons donc qu'un jour j'ai passé un entretien de non embauche.
Un entretien de non embauche, c'est ce que le jargon politiquement correct a nommé un entretien réseau. Pour résumer, on rencontre un entrepreneur qui ne recrute pas dans le but qu'elle trouvera notre profil intéressant, et qu'elle nous mettra en relation avec une personne de son réseau qui recrute. Ou avec une personne qui ne recrute pas, mais qui trouvera peut être notre profil intéressant.
Après avoir discuté une bonne heure, le non recruteur m'a demandé s'il pouvait me faire quelques remarques concernant ma prestation. J'étais aussi là pour ça, et je l'ai encouragé à se lancer.
Je vais passer sur les réflexions pertinentes. Celles qui rentrent profondément dans le cerveau, et qui vont secouer des zones qui aiment bien le calme et l'équilibre. Celles qui propulsent le doute sous pression dans toutes les failles de l'être. Celles qui incitent à aller gravir la plus haute montagne des environs et une fois au sommet, un peu plus près de Dieu, à se poser des douzaines de questions philosophiques sur sa vie. Questions dont les réponses le sont surement autant.
Malheureusement, ce genre de remarque ne représente aucun intérêt comique.
En revanche, le non recruteur me dit donc :
- Tu vois, je pense que ce serait pas mal que tu "envoies" un peu plus en présentation. Par exemple, tu te ramènes avec ton ordi portable, et là, tac, tu le sors, et tac, tu prends des notes.
Il appuie ses propos d'un hochement de tête régulier de mec qui "envoie", ou de chien en plastique de banquette arrière. Au choix. Il plisse les yeux comme un mec qui envoie. Chaque tac correspond à un hochement plus appuyé.
- Bon, c'est vrai que tu as noté tout ce qu'on a dit pendant l'entretien sur ta feuille.
Oui c'est vrai : j'ai noté tout ce qui a été dit pendant l'entretien sur ma feuille.
Mais je suis dans le fond d'accord avec lui. C'est tellement old school. Ca envoie tellement peu. Je suis un looser pathétique avec mon, j'ai honte, stylo. Je me sentirais à peine mieux si j'avais gravé notre conversation sur des tablettes de pierre, comme l'autre.
C'est sur, dans la vie il y a deux catégories de personnes. Ceux qui envoient, et ceux qui s'en voient. Je fais malheureusement partie de la seconde. Je n'ai pas d'ordinateur portable, et ne pourrait donc pas, tac, le sortir pendant un entretien et, tac, prendre des notes dessus.
Cette situation est intolérable. Je m'imagine passer des entretiens pour l'éternité, en essuyant à chaque fois l'échec cuisant du gars qui n'envoie pas.
Alors pour me sortir enfin de cette histoire sans fin, j'ai pris une mesure radicale : j'ai décidé d'emmener mon pc au prochain entretien. Certes, ça prend un peu de place, et ça peut être pénible à trimballer dans le métro.
Mais putain, je me vois débarquer comme ça dans la salle, et tac, je sors ma multiprise et je la branche. Et puis tac, je sors l'écran, et tac la souris, tac le clavier, tac une baffle, tac l'autre, tac la webcam, tac l'unité centrale, tac la bombonne d'air sec, tac le tapis de souris, et taaaac, le microphone !
Et vas y que je te branche tout ça !!! TAAAAAAAAAC !!!!!
Et là, pendant que j'envoie du lourd, que j'y vais à fond, je démontre aussi mes compétences en branchage de fil et ma volonté de m'installer durablement.
C'est parti ! A mon tour d'envoyer !