Phénomènes face à l'ordi
Quoique je fasse sur l'ordinateur, j’ai la fâcheuse tendance de regarder compulsivement si j’ai reçu de nouveaux mails. Parfois toutes les minutes.
Ca relève presque du tic nerveux. Je suis un peu comme « grand-mère la mort » dans Donnie Darko, une petite vieille qui fait des aller retour entre le bord de la route et sa boîte aux lettres. Grand mère la mort avec quelques années et un chromosome X en moins, et une boîte au lettre tout ce qu'il y a de plus immatérielle.
Autre phénomène quand je recherche des offres sur internet. J’en trouve une ou deux qui ne sont pas si mal. Je pourrais même y répondre tout de suite. Au lieu de ça, je préfère les enregistrer, et continuer mon travail de recherche sur le site suivant.
Un peu plus tard, je réponds aux plus intéressantes, c'est à dire celles pour lesquelles je n'ai aucune chance.
Deux semaines plus tard, je consulte mes offres enregistrées. Pendant que mes yeux le relisent, mon esprit cherche désespérément la trace d’un souvenir de cette annonce. Et au passage, une bonne raison d’y postuler.
Alors comment justifier scientifiquement la sauvegarde d'offres auxquelles je n'ai aucune raison de postuler ?
Grâce à mon réservoir d'offres, je me dis :
- Demain, je peux postuler à ça, ça et ça.
J’évite ainsi de penser que nulle offre ne me correspond. Et d’en venir fatalement à me demander si ce monde est bien fait pour moi. Si je suis né à la bonne époque. Si ma naissance n’était finalement pas une erreur aussi lamentable que de mettre Domenech en sélectionneur. De telles réflexions ne sont pas faciles à encaisser. "Estelle, veux-tu m'épouser ?". J'en frissonne !
De plus, envoyer une lettre de motivation immédiatement présente le risque d’obtenir un retour tout aussi immédiat, et beaucoup moins motivant. Je préfère garder sous le coude l’espoir, tout à fait illusoire, d’une réponse positive. Enregistrer quelques offres constitue donc un rempart vers une fin tragique qui semble inexorable.
Finalement, un phénomène aux conséquences dramatiques consiste à ouvrir facebook, "pour faire une pause". Une pause qui consiste à rester assis sur sa chaise et à regarder le même écran que quand je ne fais pas de pause.
Une pause qui permet d'obtenir des informations capitales sur la vie de mes contacts : Didier a fait le test « pour quelle ville êtes vous fait ? », et Tatiana à « Quel type de personnage de Disney êtes vous ? ».
Didier est fait pour vivre à St Tropez. Lui qui a choqué tout Vierzon par son manque de tenue.
Et Tatiana, un mètre quatre vingt et autant de kilos, se trouve être : Minnie...
Egaré dans un monde de réflexions philosophiques dont même Kant aurait eu du mal à supporter l’intensité, je passe ainsi de longues minutes à me dire que les gens sont stupides de passer de longues minutes à réaliser des tests qui, d’une part, ne servent à rien, d’autre part sont inutiles, et d'autre autre part sont biaisés.
Avec un i.
Alors que je me rends compte de mon égarement intervient un nouveau phénomène : je me jure que je ne perdrais plus de temps avec facebook. Et je me dis du même coup que je devrais écrire un petit article là dessus.
Pendant que je l'écris, je continue de perdre du temps à cause de facebook.
Je me rends compte de mon égarement, et c'est alors qu'intervient un nouveau phénomène : je me jure que je ne perdrais plus de temps avec facebook. Et je me dis du même coup que je devrais écrire un petit article là dessus. Ah non, c'est déjà fait.
Heureusement, j'aurais continué à perdre du temps avec facebook.
Ca relève presque du tic nerveux. Je suis un peu comme « grand-mère la mort » dans Donnie Darko, une petite vieille qui fait des aller retour entre le bord de la route et sa boîte aux lettres. Grand mère la mort avec quelques années et un chromosome X en moins, et une boîte au lettre tout ce qu'il y a de plus immatérielle.
Autre phénomène quand je recherche des offres sur internet. J’en trouve une ou deux qui ne sont pas si mal. Je pourrais même y répondre tout de suite. Au lieu de ça, je préfère les enregistrer, et continuer mon travail de recherche sur le site suivant.
Un peu plus tard, je réponds aux plus intéressantes, c'est à dire celles pour lesquelles je n'ai aucune chance.
Deux semaines plus tard, je consulte mes offres enregistrées. Pendant que mes yeux le relisent, mon esprit cherche désespérément la trace d’un souvenir de cette annonce. Et au passage, une bonne raison d’y postuler.
Alors comment justifier scientifiquement la sauvegarde d'offres auxquelles je n'ai aucune raison de postuler ?
Grâce à mon réservoir d'offres, je me dis :
- Demain, je peux postuler à ça, ça et ça.
J’évite ainsi de penser que nulle offre ne me correspond. Et d’en venir fatalement à me demander si ce monde est bien fait pour moi. Si je suis né à la bonne époque. Si ma naissance n’était finalement pas une erreur aussi lamentable que de mettre Domenech en sélectionneur. De telles réflexions ne sont pas faciles à encaisser. "Estelle, veux-tu m'épouser ?". J'en frissonne !
De plus, envoyer une lettre de motivation immédiatement présente le risque d’obtenir un retour tout aussi immédiat, et beaucoup moins motivant. Je préfère garder sous le coude l’espoir, tout à fait illusoire, d’une réponse positive. Enregistrer quelques offres constitue donc un rempart vers une fin tragique qui semble inexorable.
Finalement, un phénomène aux conséquences dramatiques consiste à ouvrir facebook, "pour faire une pause". Une pause qui consiste à rester assis sur sa chaise et à regarder le même écran que quand je ne fais pas de pause.
Une pause qui permet d'obtenir des informations capitales sur la vie de mes contacts : Didier a fait le test « pour quelle ville êtes vous fait ? », et Tatiana à « Quel type de personnage de Disney êtes vous ? ».
Didier est fait pour vivre à St Tropez. Lui qui a choqué tout Vierzon par son manque de tenue.
Et Tatiana, un mètre quatre vingt et autant de kilos, se trouve être : Minnie...
Egaré dans un monde de réflexions philosophiques dont même Kant aurait eu du mal à supporter l’intensité, je passe ainsi de longues minutes à me dire que les gens sont stupides de passer de longues minutes à réaliser des tests qui, d’une part, ne servent à rien, d’autre part sont inutiles, et d'autre autre part sont biaisés.
Avec un i.
Alors que je me rends compte de mon égarement intervient un nouveau phénomène : je me jure que je ne perdrais plus de temps avec facebook. Et je me dis du même coup que je devrais écrire un petit article là dessus.
Pendant que je l'écris, je continue de perdre du temps à cause de facebook.
Je me rends compte de mon égarement, et c'est alors qu'intervient un nouveau phénomène : je me jure que je ne perdrais plus de temps avec facebook. Et je me dis du même coup que je devrais écrire un petit article là dessus. Ah non, c'est déjà fait.
Heureusement, j'aurais continué à perdre du temps avec facebook.